Erreur de trajet

Voici une publicité parue dans un Science et Vie Micro durant l’été 1988. Une belle double-page pour le Macintosh II, où il est question de processeur et de co-processeur parmi les plus rapides du monde, jusqu’à 8 Mo de mémoire interne : « Il peut tenir tête aux plus grands ». « On “clique”, on coupe, on colle. Une pomme sur le capot et le goût du fruit défendu se colle au labeur. Enfin un équilibre entre travail et plaisir ». Rien que ça !

Apple Macintosh II publicité 1988 "Erreur de trajet"

Alan Kay et le Macintosh

Connaissez-vous Alan Kay ? Américain, né en 1940, doctorant en informatique en 1969, il rejoint le centre de recherches Palo Alto Research Center de Xerox dès 1970. Rapidement, sa vision influence les travaux sur l’informatique personnelle. Il insiste notamment sur la nécessité d’infuser au sein des ordinateurs des métaphores liées au monde réel, comme l’affichage d’un bureau à l’écran. Il milite pour la généralisation des interfaces graphiques et des souris, y compris dans les environnements de programmation, à une époque où l’informatique se réduisait à des écrans et des claviers. Après avoir conçu l’interface du Flex en 1967, puis SmallTalk (environnement utilisant la souris et les fenêtres multiples), il participe à la création de l’ALTO, qui est pour beaucoup le premier ordinateur moderne. Kay développa d’ailleurs sur cette machine un logiciel de dessin capable de reconnaître les caractères dessinés à la souris. C’est également sur l’Alto que des principes tels que le déplacement d’icones ou de texte ont fait leur apparition.

Après un détour chez Atari, il rejoint Apple de 1984 à 1997. Il y continue son œuvre de conceptualisation, pour peser sur le travail des développeurs. « Quand on demande à un enfant de faire un rond, il tourne sur lui-même. Si l’on pose la même question à un adolescent, il s’appliquera à dessiner un rond parfait avec un compas. Quant à un adulte, il donnera simplement la formule du cercle. On retrouve ces trois états d’appréhension du monde avec le Macintosh. La souris est le contact physique, les programmes correspondent à l’intelligence, et les icones au symbolisme » (extrait de L’ordinateur Individuel, numéro 108, novembre 88).

Alan Kay a gardé un grand esprit critique face au développement de l’informatique, lui qui a toujours vu plus haut et plus loin que ses contemporains. « J’aime à dire qu’autrefois, lorsque vous réinventiez la roue, vous pouviez vous faire taper sur les doigts pour ne pas avoir lu. Mais de nos jours les gens réinventent le pneu crevé. Je serais personnellement heureux qu’ils réinventent la roue, parce qu’au moins on avancerait. » (extrait d’une conférence donnée en 2003).

Quelques-unes de ses pensées ont été compilées par son ami et collègue chez Apple Andy Hertzfeld (créateur du Switcher) :
Les développeurs informatiques sont les grand prêtres d’un petit culte ;
Les grandes idées ne peuvent pas être rapetissées ;
Un seul but : faire disparaître l’ordinateur dans notre environnement ;
Travaillez sur les grandes idées, pas sur les bonnes ;
Trouvez la bonne métaphore : tout s’organisera autour d’elle, comme la limaille de fer autour de l’aimant ;
Faites prévaloir le contenu sur la forme, et amusez-vous.

John Dvorak : question d’attitude

Dans le monde du Macintosh, on connaît bien le journaliste américain John C. Dvorak. Spécialiste des questions informatiques, il s’est souvent illustré par des prises de position très tranchées, et rarement à l’avantage d’Apple. Ainsi, en 1984, peu convaincu par le Macintosh, il s’interrogeait ainsi : « Le Macintosh utilise un dispositif de pointage expérimental appelé “Souris”. Il n’y a aucune preuve que les gens veulent utiliser cette chose ». Rebelote en 2007, où il invitait Apple à ne pas commercialiser l’iPhone, mais à laisser un autre fabricant se ruiner et se ridiculiser à sa place…

Pourtant, dans une colonne extraite de l’article de 1987 « Mac VS PC » dont nous vous parlions il y a quelques jours, il faisait preuve de plus de pondération : Si l’on met de côté les questions de technologie et de marketing, écrivait-il alors, la plus grande différence entre les deux mondes est une question d’attitude : un état d’esprit qui se mesure au plaisir pris par les utilisateurs. Les utilisateurs de PC, par exemple, sont nombreux à installer des jeux sur leurs machines. Mais les jeux ne sont pas tout. Les utilisateurs de Mac, eux, préfèrent personnaliser leur système. On entend des cris d’animaux ou des ahhh-ohhh quand un message d’erreur apparaît. La personnalisation est vraiment une caractéristique du Macintosh, on le voit dès qu’on utilise le Mac de quelqu’un d’autre.  Puisque sur Mac, tout est graphique, il est toujours passionnant de regarder le bureau d’un autre Mac. Rien à voir avec les listes de fichiers bien rangés dans les dossiers du PC.

Et John Dvorak poursuivait : Ne nous méprenons pas. Il y a bien deux mondes, aux personnalités différentes. D’un côté, un monde un peu mièvre. De l’autre, un monde trop gris. Quand les utilisateurs de Macs s’amusent, ils sont un peu stupides. Et quand les utilisateurs de PC s’amusent, ils sont un peu ennuyeux. Quand les utilisateurs de Macs sont sérieux, ils sont arrogants. Quand les utilisateurs de PC sont sérieux, ils sont aussi arrogants. C’est peut-être leur seul point commun.

Un prototype de Macintosh SE dans le labo de Craig Federighi

OK, OK, c’est cool, Apple passe ses Macs sur ses propres processeurs. Et cette fois-ci, ils n’ont pas oublié de prévenir Microsoft et Adobe à l’avance pour qu’on n’attende pas leurs applications pendant deux ans… Mais le plus intéressant, c’est derrière Craig Federighi que ça se passe. Mais si, là, à droite de l’étagère du haut : un prototype de Macintosh SE transparent !

Craig Federighi Macintosh SE prototype 2020

Craig Federighi Macintosh SE prototype 2020

Dans l’usine de l’Apple IIe

Il y a quelques semaines, nous vous avions emmenés visiter quelques usines d’Apple et de NeXT, au gré des portes qu’Apple ouvre parfois aux journalistes. En voici un autre exemple, avec cette impressionnante photographie en couverture du magazine Softalk de février 1983 repéré sur eBay.

SoftTalk Apple IIe 1983
Image : The Softalk Apple Project

Malheureusement, l’unique exemplaire proposé sur le site d’enchères se trouve en Australie… Nous vous proposons donc aujourd’hui uniquement cette photo de couverture, qui donne déjà l’échelle.

Softalk était un magazine américain consacré à l’Apple II, publié de 1980 à 1984, tout d’abord sous forme d’offre gratuite aux clients d’Apple, puis avec abonnement payant. Un groupe de passionnés a pris l’initiative de numériser toute la collection (soit 9300 pages) pour rendre accessible à chacun la richesse de ses contenus particulièrement approfondis et innovants à l’époque. Ce travail est toujours en cours…

Les nouveautés de Mac OS 8.5 (avec le symbole € !)

Encore une brochure anglaise aujourd’hui. Cette fois-ci, nous sommes en 1998 et il est question de Mac OS 8.5, une version intermédiaire de Mac OS 8. On ne sait pas ce qui était le plus fou : qu’Apple cite l’intégration du symbole € parmi les principales nouveautés ? ou bien que la copie de fichiers ait été si lente dans les versions précédentes du système ? à moins que ça ne soit l’arrivée des ascenseurs proportionnels, proposés par tous les autres systèmes depuis si longtemps ? Non, le plus fou, c’est qu’Apple proposait toujours son HyperCard Player par défaut, et qu’elle avait même créé une version 2.4.1 cette année-là pour maintenir un semblant de compatibilité bien que l’application n’ait plus guère évolué depuis le début de la décennie.

Brochure anglaise pour Appel Mac OS 8.5 avec Sherlock

Brochure anglaise pour Appel Mac OS 8.5 avec Sherlock

Deux coûteux souvenirs de Steve Jobs aux enchères

Le site Mac4Ever a dégoté deux beaux souvenirs de Steve Jobs, pour les collectionneurs fortunés. Le premier est un document manuscrit, qui ressemble fort à une fiche technique pour un Apple Computer -I, avec un choix assez étonnant entre trois processeurs : le 6800, le 6501 et le 6502 (c’est ce dernier qui était en fait utilisé par le premier ordinateur d’Apple). Ce document est accompagné de deux polaroïds présentant le circuit électronique de l’ordinateur et l’affichage sur un écran.

Image : Bonhams

Le site de la maison de vente Bonhams précise que ces documents datent de 1976, et que la photographie représente sans doute le second prototype de l’ordinateur, reconnaissable à ses condensateurs oranges, tels qu’il est décrit dans le fameux registre des Apple I de Mike Willegal. Le lot devrait trouver preneur entre 40.000 et 60.000 dollars.

Le deuxième souvenir est le premier numéro de la revue MacWorld, daté de février 1984, et portant un très rare autographe de Steve Jobs (ajouté en 2006). Contrairement à Steve Wozniak, qui a dû signer à peu près tous les supports possibles et imaginables, Steve Jobs était très avare de son autographe, qui pourrait valoir à cet exemplaire de grimper jusqu’aux environs de 10.000 dollars.

MacWorld Steve Jobs

Le site de la maison d’enchères RRAuction propose un certificat d’authenticité après expertise, mentionnant que le magazine a été doté d’un marquage invisible contenant un ADN particulier permettant sa traçabilité. Une vidéo montre d’ailleurs Steve Jobs signant ledit magazine, dans l’Apple Store de la 5è avenue.

Une publicité (mensongère) pour le QuickTake 100

Connaissez-vous le QuickTake 100 ? Il s’agit du premier appareil photo numérique d’Apple, mais également du premier appareil photo numérique grand-public. Dans ce domaine, Apple avait réellement un coup d’avance, qu’elle a rapidement perdu ensuite.

Voici une publicité américaine pour cet appareil, « qui rend plus beau tout ce que vous faites ». Pour illustrer ce slogan, on voit un QuickTake prendre une scène en photo, scène qui est utilisée pour illustrer une brochure reproduite en haut de la page. Apple promet une image en « couleurs vives 24-bits » en quelques minutes, sans pellicule et sans attente.

Apple QuickTake 100 ad from 1984

Pour ce qui est de l’absence de pellicule et de la rapidité du machin, pas de soucis. Mais pour les couleurs vives, on a quand-même une objection à présenter. Faute de poteries antiques, nous avons pris un pommier en photo, à la lumière du soleil couchant. Même en poussant un peu la saturation, pas sûr qu’on s’en servirait pour illustrer un catalogue de vente… Et la photo est présentée ici dans sa résolution maximale : 640 x 480 pixels !

Apple QuickTake photo

Publicité : l’iPod 5G de 2005

Le dimanche, c’est publicité en anglais ! Aujourd’hui, on file vers l’année 2005, avec cette double page présentant toutes les fonctions de l’iPod de l’année, surnommé « iPod 5G » ou « iPod vidéo ». Le petit nouveau ne s’arrêtait en effet pas à la musique (comme tous ses prédécesseurs) ou aux photos (comme le modèle de 2004), il permettait carrément de lire des petites vidéos, des courts-métrages et des clips ou des séries (proposées sur l’iTunes Music Store aux États-Unis dans un premier temps). Le tout dans une résolution de 480 × 360 (en MPEG-4) ou de 320 × 240 (en H.264).

iPod video apple ad

Une pomme après l’école

Voici pourquoi chaque enfant devrait avoir une Pomme après l’école, annonçait la marque dans cette publicité de 1985. Apple était à l’époque la marque d’ordinateurs la plus répandue dans les écoles, et l’Apple IIc était une bonne manière de prolonger à la maison la qualité des enseignements offerte par son grand frère l’Apple IIe. De la taille d’un gros classeur, ce petit nouveau (commercialisé en 1984) pouvait aussi intéresser les parents grâce à sa logithèque de qualité, ses technologies intégrées : lecteur de disquettes, 128K de mémoire, et les prises pour le modem, l’écran et l’imprimante, sans oublier la souris ! L’Apple IIc sera l’ordinateur qui grandira avec votre enfant, contrairement à ses chaussures !

An Apple after School 1985 Apple Ad

Une interview de Bill Atkinson sur HyperCard

En parcourant la vaste collection numérisée de la revue InfoWorld, disponible sur Google Books, nous avons retrouvé une interview qu’avait accordée Bill Atkinson, l’un des créateurs du Macintosh, et papa d’HyperCard.

En introduction, le journaliste rappelait le succès d’HyperCard en ce début d’été 1988 : 700.000 utilisateurs, des versions internationales et une version 1.2 largement accélérée. Malgré cela, l’objectif de Bill Atkinson restait inchangé : « permettre aux gens d’être à leur meilleur niveau ». Un objectif dépassé selon l’auteur du logiciel, tant Apple en a vanté les mérites (alors même qu’elle ne l’avait pas commandé à l’origine) : confier HyperCard aux utilisateurs, c’était un peu comme leur confier une clé à molette et les observer s’en servir de mille manières, jusqu’à enfoncer des clous avec ! Avec HyperCard, l’ordinateur devient utile, l’utilisateur reprend le contrôle sur la machine. Et le même logiciel permet également de diffuser des informations présentées de manière interactive ! HyperCard, c’est à la fois l’application (et ses fonctions) et le document (et ses informations).

Le journaliste interrogeait ensuite Bill Atkinson sur la possibilité de voir arriver un jour une version pour l’IBM PC ou le PS/2. Bill Atkinson l’espérait. Pour lui, il aurait été normal que d’autres éditeurs copient HyperCard, car lui-même s’était inspiré du travail de tant d’autres créateurs ! Il reconnaissait tout de même que la tâche serait difficile, tant HyperCard s’appuyait sur les avancées logicielles et matérielles uniques du Macintosh.

Au détour d’une question sur l’influence d’HyperCard dans le milieu de l’éducation, Bill Atkinson rappellait que le logiciel avait été diffusé à Stanford avant même sa sortie, quand il s’appelait encore Wildcard (on a vu ici pourquoi ce nom a finalement été abandonné). Il défendait ensuite le caractère professionnel de son logiciel, dans un monde où il était devenu indispensable d’interagir avec les informations dans des formes variées, comme le texte et l’image. La question suivante abordait d’ailleurs la question de l’affichage à l’écran, au moment où Apple venait de rempiler avec sa création Quickdraw, écartant le recours au nouveau moteur Display PostScript défendu par NeXT et Adobe. Une réussite logicielle, selon Bill Atkinson, mais trop gourmande pour les ordinateurs de l’époque (l’avenir lui donnera raison, puisque Mac OS X adoptera en 2001 un système Quartz dérivé du PDF et du PostScript, capable d’afficher aisément les fenêtres de Mac OS 9 encore basées sur Quickdraw).

Le journaliste abordait ensuite la question du procès intenté à Microsoft par Apple, en raison des emprunts de Windows au système du Macintosh. Bill Atkinson répondait par une image toute simple : « si quelqu’un dessine Mickey Mouse sur une balle et vend celle-ci, tout le monde comprendra qu’il doive payer une licence à Disney »… Puis l’interview se terminait autour du concept de Knowledge Navigator, une vision de l’informatique portable par John Sculley, dont Bill Atkinson ne se gêne pas pour dire qu’il s’inspirait largement de son Magic Slate, une tablette tactile pilotée par stylets, imaginée dès 1983 mais jamais concrétisée. Un outils de communication, permettant notamment d’échanger par écrit, de manière moins intrusive qu’avec le téléphone. Un outil qu’il aurait aimé pouvoir garder sur lui en permanence…

La souris Apple Pro Mouse « MacWorld »

Le 19 juillet 2000, à New-York, Steve Jobs prononce son discours inaugural habituel à l’occasion de la MacWorkd Expo. Outre le petit G4 Cube et de nouveaux iMac blancs ou noirs, le patron d’Apple présente une nouvelle souris, mais aussi ses excuses pour la petite souris toute ronde fournie depuis deux ans avec tous les Mac. La petite nouvelle renoue avec le format allongé plus traditionnel, et adopte un capteur optique en remplacement de la boule, une précision qui réjouit les spectateurs, d’autant plus qu’Apple devient ainsi la première entreprise à fournir une souris optique en standard.

Très fière de ce nouvel accessoire, Apple offre à tous les spectateurs de son keynote un exemplaire de la souris :  à la fin du discours, Steve Jobs invite chacun à regarder sous son siège, où se trouve un ticket à échanger contre la nouvelle souris à la sortie de l’auditorium. Mieux : ces souris sont fournies dans une boîte particulière signée « MacWorld New York 2000 » qui en font autant d’exemplaires collectors ! Vous pouvez en acheter un exemplaire sur eBay actuellement à plus de 650 dollars

Apple Pro Mouse MacWorld New York 2000 Celle-ci est sur Yahoo Enchères au Japon, pour près de 400 euros

En présentant son nouveau rongeur, Steve Jobs plaisante sur le nouveau design : « Mais où est le bouton ? Oh mon Dieu, Apple est passée d’une souris à un bouton à une souris sans bouton ! ». Mais bien sûr, il y a bien un bouton, ou plutôt, tout le corps de la souris est un bouton, que l’on peut appuyer à l’endroit où on le souhaite.