Le Mac Plus vu par Hebdogiciel
En janvier 1986, quand Apple présente son Macintosh Plus, l’une des revues phare du paysage informatique français s’appelle Hebdogiciel. Sorte de Canard Enchaîné de la micro (oui, on disait encore « la micro » à l’époque), cet hebdomadaire ne faisait pas dans la dentelle, et écrivait tout haut ce que ses rédacteurs pensaient tout bas.
En ce début d’année 1986, l’Hebdogiciel annonçait donc la fin des PC sans souris, au profit des ordinateurs WIMP (l’acronyme de Windows, Icons and Pointing Device, Fenêtres, Icônes et Dispositif de Pointage). Puis il dénonçait le gigantisme des réceptions données par Apple pour présenter son nouveau Mac, à San Francisco à l’origine, puis à Monte-Carlo pour les journalistes français — sauf ceux de l’Hebdogiciel, qui ne savaient pas se tenir, buvaient et vomissaient partout…
Dans le détail, l’article s’attaquait ensuite au lecteur de disquettes (Apple n’avait pas pensé plus tôt à utiliser les deux faces du support ?), à la mémoire-cache (simple nouveau nom donné au disque virtuel), et à la compatibilité très incertaine avec les logiciels existants :
« bon, merde, il est compatible quand il veut, et les nouvelles versions des logiciels existants arrivent bientôt, très exactement dès qu’elles seront faites »
Avec le clavier (dont les touches de déplacement, absentes des modèles de 1984, permettaient enfin de « lâcher la souris de temps en temps »), seule l’interface SCSI trouvait grâce aux yeux de l’hebdomadaire. Il faut dire qu’en 1986, sa vitesse de transmission de 320 ko/s était faramineuse.
Pour finir, l’Hebdogiciel s’intéressait au prix de la machine : 30.700 balles (on parlait en francs, jeunes lecteurs, ça faisait 4700 euros, ou 7,5 SMIC de l’époque…)
Dans ce prix, on peut considérer qu’il y a 10.000 balles justifiés, et 20.000 qui payent les fêtes, les annonces faites aux revendeurs, les conférences mondiales et les autocollants trade marque.
Comme quoi, le temps passe, et les critiques restent d’actualité. Pour autant, pas sûr que beaucoup de lecteurs aient suivi le conseil du journaliste, d’aller plutôt acheter un Atari 520 ST à la place…