Le jour où Apple a failli acheter BeOS

Nous savons tous que Mac OS X, le système qui fait l’originalité du Macintosh (et ses héritiers iOS, tvOS et watchOS), est fondé sur le système NextStep conçu par NeXT et son patron Steve Jobs de 1985 à 1996. Pourtant, le rachat de NeXT par Apple en 1996 avait été une surprise : les pronostics penchaient plutôt pour BeOS, un système créé par l’entreprise Be de Jean-Louis Gassée, lui-même ancien directeur chez Apple.

Image : Wikipedia

Dans une conférence donnée en 1991 et publiée sur YouTube, Jean-Louis Gassée revient justement sur cette décision lourde de conséquences. Il explique qu’au moment de ce rachat, NeXT avait déjà abandonné son système NextStep (devenu OpenStep), faute de débouchés commerciaux, pour se concentrer sur WebObjects, son outil de développement de sites web. Si NeXT a offert une nouvelle vie au Mac, c’est grâce à ses développeurs talentueux, comme Avi Tavanian, Bertrand Serlet, qui ont réécrit les bases de Mac OS. Mais avoir de bonnes technologies ne suffisait pas : ce rachat, c’était aussi une manière pour Steve Jobs de reprendre le pouvoir sur Apple et s’en servir pour réussir commercialement là où NeXT avait échoué.

Interrogé sur le choix de NeXT au détriment de Be, Jean-Louis Gassée « remercie le ciel » de cette décision : il détestait le management habituel de la marque (particulièrement celui de Steve Jobs) et n’aurait pas pu s’imaginer à nouveau chez Apple. Bien que déçu pour son entreprise, il aura l’occasion de se consoler par la suite, l’aventure Be se prolongeant durant quelques années.

Owen W. Linzmayer, l’auteur de « Apple Confidential », se remémore ces journées de décembre 1996 où la balance a pesé du côté de NeXT. Gil Amelio, PDG d’Apple, et son bras droit Ellen Hancock, avaient invité les cadres de NeXT et de Be à deux entretiens séparés. Steve Jobs avait confié à Avie Tavanian le soin de démontrer que leur sytème OpenStep avait encore plusieurs années d’avance sur la concurrence, notamment dans les domaines d’Internet et du multimédia. Le lendemain, Jean-Louis Gassée était arrivé en dilettante, persuadé que l’affaire était dans la poche. Résultat : dix jours plus tard, Apple officialisait le rachat de NeXT et le retour de Steve Jobs au bercail, officiellement comme conseiller de Gil Amelio. La suite, on la connaît…

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